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26.03.25 : Kriss Richards, alias Pof : "le son, c'est dans les mains du batteur"

26 mars 2025 par
26.03.25 : Kriss Richards, alias Pof : "le son, c'est dans les mains du batteur"
VPI
Servette-Music : Salut Pof, tu es une figure emblématique de la batterie à Genève. Peux-tu nous raconter comment tout a commencé pour toi ?


Pof : Salut ! J'ai toujours été attiré par la batterie. Quand j'étais gamin, j'allais souvent avec ma grand-mère à l'aéroport de Genève, et il y avait un groupe qui jouait dans la brasserie le dimanche midi. Je mangeais mon dessert et j'allais voir le batteur. Cette fascination ne m'a jamais quitté. Plus tard, un copain dont le père était batteur a sorti une vieille Ludwig Ringo Starr de la cave. C'était la première fois que je touchais une vraie batterie. On l'a montée comme on pouvait et on a commencé à jouer, avec une insouciance totale. Quelques mois plus tard, on faisait déjà notre premier concert. On était débutants, mais on y allait à fond. Le bassiste de ce tout premier groupe était Fred Jimenez, qui a ensuite fait les tournées de Johnny Hallyday.



Tu es autodidacte, mais comment as-tu évolué pour devenir une référence locale ?

J'ai appris en écoutant, en regardant des photos dans des magazines, en observant la posture des batteurs et en tentant de reproduire ce que j'entendais. J'étais fan de Kiss, et j'essayais de capter l'énergie de Peter Criss. À l'époque, il n'y avait pas YouTube, alors il fallait deviner et expérimenter. Mais surtout, j'ai joué dans un nombre incalculable de groupes. C'est le partage et l'expérience de la scène qui m'ont fait progresser. J'ai toujours pensé que la musique, ce n'était pas juste une question de technique, mais surtout de ressenti. Jouer avec d'autres musiciens, comprendre ce qui fonctionne dans un morceau, sentir le groove : c'est ça qui fait un bon batteur.


J'ai aussi beaucoup appris en écoutant du chant. Le chant guide ma manière de jouer. Une ligne vocale forte peut m'influencer dans ma façon d'accentuer certaines parties ou de moduler mon jeu. J'ai même pris quelques cours de chant à un moment donné.



> Justement, qu'est-ce qui te fait vibrer aujourd'hui en tant que musicien ?


Toujours la scène et la compo. En ce moment, je joue avec Electric Paradise et je fais pas mal de remplacements, notamment pour Sideburn. J'ai arrêté un projet de compos récemment car je n'étais pas en phase avec la direction musicale, mais je suis toujours prêt à repartir sur un groupe qui crée. J'ai eu l'occasion de jouer avec Krokus aussi, ce qui était énorme, surtout avec Mark Storace au chant. Le problème aujourd'hui, c'est que les groupes de compos galèrent à trouver un public. Les covers fonctionnent bien mieux. Mais la création, c'est ce qui me fait le plus kiffer. J'aime pouvoir poser ma patte sur un morceau, concevoir mes parties de batterie en pensant à l'ensemble du titre, pas juste à la batterie seule.



> Tu fais aussi partie de la Geneva Music Family ?


En effet, oui. La Geneva Music Family, qui vient de faire 2 soirées de concerts à la Villa Tacchini, est un collectif qui a commencé il y a plus de 20 ans, puis qui s’est relancé en 2022 pour fêter ses 20 ans. On est 25 musiciens qui se réunissent autour de thèmes et de répertoires variés, ce qui me force à explorer des styles que je ne jouerais pas de moi-même. Je progresse sans arrêt, surtout en bossant des musiques très différentes de mon univers rock habituel. La musique, c'est collectif.



> En tant que batteur, quel est ton matériel de prédilection ?


J'ai commencé avec une Tama Swingstar, puis une Capelle Turbo. Mais mon premier vrai choix, c'était une Premier Resonator. Puis j'ai investi dans une DW il y a 30 ans, et je joue toujours dessus. Elle sonne toujours aussi bien et traverse les années sans broncher. Récemment, j'ai testé une Tamburo sur les conseils d'un pote, et ça sonne super bien aussi. J'aime bien explorer différents types de batteries, mais j'ai tendance à rester sur du matériel de qualité, qui dure et qui a un bon son naturel.



> Quel est ton point de vue sur la relation basse/batterie ?


On dit souvent qu’il faut caler la basse et la batterie, mais je ne pense pas qu’on soit obligés de tout aligner. Le principal, c’est que ça sonne et que ce soit solide. Il faut rester à l’écoute du morceau et décider si on met un accent ensemble ou non. Je ne vois pas de règle absolue, c’est du ressenti.


Qu'est-ce que tu recherches avant tout dans une batterie ?


Qu'elle sonne et qu'elle soit fiable. Peu importe la marque, tant que l'instrument répond à mes attentes et qu'il est de qualité. Le plus important, c'est comment tu la fais sonner. Le son, c'est dans les mains du batteur. Par contre, je conseille toujours aux jeunes d'éviter le matériel trop bas de gamme. Il vaut mieux investir dans du solide. Et surtout, essayer avant d'acheter !



Tu es un habitué de Servette-Music. Qu'est-ce que tu en penses ?


Expérience impeccable. C'est un des rares magasins qui ont gardé un vrai esprit de service et de passion. On peut discuter, essayer du matériel, avoir de vrais conseils. Et puis, avec le temps, ce sont devenus des potes. Ce que j'apprécie, c'est l'écoute : on ne te vend pas un matériel juste pour vendre, on cherche ce qui te correspond vraiment.



Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se mettre à la batterie ?


Écouter le plus de musique possible et jouer avec d’autres musiciens. Il faut tout de suite se confronter à un groupe, même si on est tous débutants. La batterie, c’est la base. Si c’est solide, le reste suit. Il ne s’agit pas de vouloir en mettre trop, mais de bien asseoir le tempo.



> Un dernier mot sur tes envies pour le futur ?


Si une tournée pro se présente, je fonce ! J'ai eu la chance de jouer sur des grosses scènes en ouverture de groupes mythiques. Repartir en tournée avec un band pro, ça, ça me botterait grave ! Et bien sûr, continuer à faire de la musique, partager des moments sur scène et échanger avec d'autres musiciens. C'est ça qui me fait vibrer.

J'aimerais aussi un jour travailler sur un projet de compositions originales qui ait un vrai impact. Aujourd'hui, le public est frileux à découvrir de nouveaux groupes, mais je crois encore qu'on peut créer quelque chose qui marque les esprits. Et pourquoi pas enregistrer un album avec un groupe qui a une véritable vision ?