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26.02.2025 : La guitare fingerstyle avec Florian Desbaillet

26 février 2025 par
26.02.2025 : La guitare fingerstyle avec Florian Desbaillet
VPI
Servette-Music : Salut Florian ! Tu es guitariste professionnel, impliqué dans plusieurs projets, mais aussi professeur de musique à la fois indépendant et dans un collège du canton de Vaud. Peux-tu nous parler de ton actualité et de tes projets ?


Florian Desbaillet : En ce moment, je travaille sur de nouveaux morceaux pour renouveler un peu mon set. Je vais bientôt reprendre les concerts, souvent par périodes. J'aime bien alterner entre compositions personnelles, arrangements de morceaux existants et quelques reprises emblématiques du style fingerstyle. J'essaie toujours de proposer un set varié et dynamique.

Par ailleurs, je développe un projet en trio appelé Sealladh avec ma compagne qui est flûtiste et Niko, une violoniste, avec qui j’ai longtemps joué dans le groupe de musique celtique Doolin. On aimerait explorer un mélange entre folk, celtique et fingerstyle, en mettant l'accent sur des compositions originales tout en conservant l'essence celtique du projet. Il s’agit-là d’une toute nouvelle aventure.

En parallèle, j'organise des concerts avec mes élèves, deux fois par an. Cela leur permet de jouer en live, de goûter à l’adrénaline de la scène et d'acquérir une véritable expérience musicale. On fait ça dans une maison de quartier du coin, et ça leur permet vraiment de progresser.


Peux-tu nous présenter ton parcours musical ?

J'ai commencé la guitare à 13 ans avec des cours individuels. Mes premiers professeurs, Danny Ruchat et François Kieser, m'ont donné des bases solides. J'ai beaucoup appris en essayant de repiquer des morceaux à l'oreille et en lisant des magazines de guitare, car à l'époque, Internet n’existait pas ou du moins n’était pas accessible au commun des mortels. Ensuite, j'ai intégré le Conservatoire de Genève (aujourd’hui HEM) où j'ai obtenu un master d'enseignement de la musique. Puis, j'ai complété ma formation avec un autre master de la Haute Ecole Pédagogique (HEP) pour enseigner au collège.


J'ai joué dans de nombreux groupes, explorant différents styles. On m'a souvent associé au milieu hard rock et metal, notamment avec Helmut, qui a cessé toute activité il y a une dizaine d'années. Pour autant, j'ai toujours eu une guitare folk avec moi, en voyage, lors de sessions acoustiques ou simplement pour composer différemment.



Tu joues aussi de la guitare électrique ?

Oui, j’en joue encore pour le plaisir. J’ai participé récemment à la soirée Electric Paradise à l’EMA, et c’était une belle occasion de me reconnecter avec certaines sensations. J’ai longtemps joué de la guitare électrique, notamment dans Helmut où on utilisait des amplis Peavey 5150 en stack. Aujourd’hui, je suis plus sur du fingerstyle, mais je garde toujours une guitare électrique à portée de main. J’en joue également avec mes élèves, ainsi que de la basse.



Comment es-tu passé au fingerstyle ?

J'ai toujours eu une affinité pour la guitare acoustique, mais c'est la découverte du fingerstyle qui a été un tournant. Au départ, il s’agissait de quelques élèves souhaitant en jouer certains titres qui m'ont fait découvrir cet univers et, en approfondissant mes recherches sur YouTube, je suis tombé sur Jon Gomm. Son morceau Passionflower m'a marqué. J'y ai trouvé des techniques fascinantes et un moyen d’expression qui me permettait de faire coexister toutes mes influences dans un seul instrument, autour d’un seul et même projet.


J'ai ensuite participé à des stages en Autriche organisés par Thomas Leeb, un autre grand nom du fingerstyle. C'est un milieu très ouvert, sans compétition, où l'entraide prime et où les grands noms sont en réalité des personnes ultra-accessibles . Aujourd'hui encore, je continue à apprendre en participant à des workshops et en explorant de nouvelles techniques. Cet été, je vais en Angleterre pour un bootcamp organisé par Jon Gomm en collaboration avec Thomas, une nouvelle occasion de progresser et de rencontrer d’autres musiciens passionnés.




Quelles sont tes guitares préférées ?

J'ai commencé avec une vieille 12 cordes Suzuki and Co (!) qu'on m'avait donnée, quasi injouable, puis j’ai ensuite mis la main sur une Aria et une Norman. Lorsque j’ai débuté mon voyage dans le monde du Fingerstyle, je jouais sur une Taylor type D un peu prototype, héritée de mon oncle. Ensuite, j’ai fait l’acquisition d’une Lowden japonaise de 1982 au son très dark, et une Avalon fabriquée dans le même atelier que Lowden, en Irlande du Nord. J’ai aussi récemment acheté une harpe-guitare Timberline que j’adore.


Aujourd'hui, ma guitare principale est une Ibanez Jon Gomm Signature, achetée chez Servette-Music : elle est conçue pour le fingerstyle, avec un système de micros multiple, un format jumbo et une ergonomie qui me correspond parfaitement. J’aime aussi le format jumbo pour la profondeur du son et la mise en valeur du côté percussion, lorsque je frappe l’instrument. Elle est équipée d'un système de multi-microphones permettant de capter différents aspects du son. Côté électriques, j'ai plusieurs choses mais en ce moment je m’amuse beaucoup avec une Ibanez RG 550 et une Fender Telecaster du Custom Shop, qui proviennent toutes deux de Servette Music.



Côté amplification et effets, à quoi ressemble ton setup ?

J'utilise le Quad Cortex de Neural DSP, qui me permet de mixer et traiter mon son en combinant les différents micros de ma guitare. J'ajoute un Octaver Boss OC-5, idéal pour ne renforcer que les basses en fingerstyle, grâce à sa fonction polyphonique. Avant, j'avais un énorme pedalboard qui pesait une tonne, mais j’ai simplifié mon setup avec ce multi-effet très performant. De plus, cela me permet de n’utiliser qu’une seule machine tant pour mes activités en acoustique qu’en électrique.

Pour l'amplification, j'opte pour deux Blackstar Sonnet 120 en stéréo, qui offrent un son équilibré avec une projection nette des basses fréquences. Je me branche aussi directement dans la sono quand c'est possible.



Comment composes-tu tes morceaux en fingerstyle ?    

La plupart du temps, ça part d’une idée trouvée en improvisant. Certaines fois, j’ai déjà la grille d’accords, la mélodie, la ligne de basse… et je choisis l’accordage qui va répondre à ces besoins. Le fingerstyle demande souvent des open tunings, ce qui laisse place à pas mal d’expérimentations. Il m’arrive aussi parfois de devoir passer par l’édition de partitions sur Guitar Pro, pour combiner les différentes parties et ensuite apprendre à les jouer…



Quel regard portes-tu sur l'enseignement musical aujourd'hui ?

Internet a tout changé. Aujourd'hui, mes élèves ont accès à d'innombrables ressources, tout comme moi, du reste, mais je les encourage à ne pas uniquement se contenter de suivre des tutos. J'essaie de leur apprendre à développer leur oreille, à analyser ce qu'ils écoutent et à jouer avec intention. Avec les plus avancés, je les pousse à retranscrire eux-mêmes des morceaux pour mieux comprendre ce qu’ils jouent.


Je leur propose aussi de se produire en concert, car l'expérience du live est irremplaçable. Ils apprennent à jouer en groupe, à gérer le trac, et c’est une vraie formation.



Quels sont tes projets à venir ?


Je prépare une tournée en Angleterre cet été, avec plusieurs dates déjà confirmées. Je vais aussi participer à un stage organisé par Jon Gomm. Côté discographique, je travaille sur un nouvel EP. J’ai aussi une collaboration avec un chanteur qui m’a demandé un arrangement en fingerstyle pour l’un de ses morceaux. C’était une super expérience en studio, et j’ai hâte d’entendre ce qu’il va en faire. Il y a aussi déjà quelques concerts prévus avec Sealladh, le trio dont je t’ai parlé au début de notre entretien.



Un conseil pour ceux qui veulent se lancer dans la guitare ?

Jouez le plus régulièrement possible, restez curieux et critiques. Utilisez les ressources en ligne intelligemment. Travaillez l'oreille autant que les doigts, et surtout, faites du live. Les vidéos Instagram, c'est bien, mais l'expérience scénique, c'est ce qui fait vraiment progresser et donne une expérience plus “organique” de la musique et de la manière dont on peut la partager.


Et ton expérience avec Servette-Music ?

Excellente ! J’ai acheté ma première guitare d’étude ici, une Hanika, il y a 25 ans! Je l’ai encore et elle sonne toujours aussi bien. Aujourd’hui, j’ai des demandes plus spécifiques, et Servette-Music a toujours su répondre à mes besoins rapidement. Ma guitare principale (Ibanez JG10) est la première de son modèle arrivée en Suisse, j’ai pu l’essayer ici et repartir avec. Le service est top, et le luthier fait un travail impeccable. 


Merci Florian !

Merci à vous les gars !