Skip to Content

27.10.2022 : Ross Knight, tubiste de l’OSR et professeur de tuba et d’euphonium à la HEM : "j’ai commencé le tuba parce que c’était le dernier instrument qui restait dans l’armoire de la classe de musique à l’école".

October 27, 2022 by
27.10.2022 : Ross Knight, tubiste de l’OSR et professeur de tuba et d’euphonium à la HEM : "j’ai commencé le tuba parce que c’était le dernier instrument qui restait dans l’armoire de la classe de musique à l’école".
SERVETTE-MUSIC SA, VPI

Bonjour Ross Knight, merci d’avoir accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Avant de commencer, peux-tu présenter ton parcours à nos lectrices et lecteurs ? 

Je suis tubiste de l’Orchestre de la Suisse Romande, et professeur de tuba et d’euphonium à la Haute Ecole de Musique de Genève. J’ai commencé le tuba à neuf ans, et j’ai débuté dans les brass bands en Ecosse quand j’étais jeune. C’est ce type de formation qui a été fondamental dans mon apprentissage à cette époque. A dix ans, je savais déjà que je voulais faire de la musique mon métier. Je ne savais pas encore de quelle manière, mais ça c’était sûr. Puis autour de 16-17 ans, j’ai de plus en plus joué en orchestre, et ainsi développé un amour profond pour la musique classique.

Je suis donc passé par la Royal Academy of Music in London, où j’ai étudié durant cinq ans et obtenu mon Bachelor et mon Professional Diploma. Puis, je suis en parti en Allemagne où j’ai été Tuba Academist au sein de la Karajan Academy de l’Orchestre philharmonique de Berlin. C’était une expérience magnifique, qui m’a permis de côtoyer certains des meilleurs musiciens que j’ai rencontrés au cours de ma carrière. Et puis en 2016, je me suis rendu ici à Genève pour le concours d’entrée à l’OSR, que j’ai réussi. Depuis, je me suis établi dans la région et j’ai commencé à enseigner. Fabien Wallerand, qui était professeur de tuba à l’HEM et que j’avais rencontré suite mon arrivée, m’a par la suite recommandé pour lui succéder lorsqu’il est parti au CNSM à Paris. J’enseigne donc à la HEM depuis le mois de septembre.


Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir le tuba ?

J’aime beaucoup qu’on me pose cette question, car j’y apporte une réponse assez cocasse : j’ai commencé le tuba parce que c’était le dernier instrument qui restait dans l’armoire de la classe de musique à l’école.

A l’origine, mes parents, qui avaient une grande sensibilité musicale même s’ils n’en avaient jamais fait leur métier – mon père était batteur dans un pipe band de cornemuse, et ma mère avait joué de la clarinette et du piano à l’école – m’ont proposé d’essayer les cuivres, car le violon ne m’intéressait pas. Cette idée me plaisait. Je me voyais bien jouer de la trompette ou du trombone, et puis il y a une grande tradition de brass bands au Royaume-Uni, donc ça m’attirait.

Ils ont ensuite demandé à ce que je puisse intégrer la classe de musique un peu plus tôt que ne le prévoyait le cursus, et j’ai ainsi commencé la musique un an avant les gens de mon âge, mais aussi un mois après que les cours avaient débuté. Je m’imaginais donc jouer du trombone au départ, mais quand la prof est arrivée avec un tuba, parce que c’était l’instrument qui restait, je me suis dit “wouah, c’est trop cool ce truc !”, et voilà : c’est comme ça que j’ai commencé à apprendre à jouer du tuba.

> Quel a été ton premier tuba ?

C’était un tuba d’étude pour les enfants, en mi bémol mais avec au format baby bass. Je ne me souviens plus de la marque, par contre. Je suis passé à un Yamaha YEB-321 au bout de quelques mois et puis après un an, à 11 ans, je jouais déjà sur un tuba professionnel, un Yamaha Maestro.


> Tu joues également d’autres instruments ?

Je joue un peu de piano et de guitare. J’ai aussi joué de la batterie pendant quelques années, mais rien de bien conséquent. Mon instrument c’est vraiment le tuba.

> Quels sont tes styles de musique préférés, et comment ton approche a-t-elle évolué avec le temps ?

J’aime et j’écoute de nombreux styles très différents. Quand j’étais plus jeune, et avant de venir vers la musique classique, j’écoutais surtout de la pop, et ensuite du punk et du metal, comme Blink 182, Green Day, Slipknot. Durant mes études, je remplaçais parfois le bassiste d’un trio banjo/basse/batterie qui reprenait des hits de pop à la sauce country, donc j’ai beaucoup écouté les grands tubes qui plaisent aux foules. Maintenant, j’écoute bien sûr énormément de musique classique, notamment Mahler et Strauss, parce qu’ils ont si bien écrit pour les cuivres. J’ai plutôt un penchant pour les compositeurs autrichiens et allemands, qui ont beaucoup écrit pour le tuba, et qui invitent à explorer les possibilités offertes par cet instrument qui me passionne. 

> Quelles sont tes influences les plus fortes ?

Je suis très inspiré par la musique classique, et par celle qui est jouée par les orchestres symphoniques d’Europe, mais aussi des formations aux Etats-Unis, qui ont une approche différente du son. Sinon, les compositions de Strauss en particulier m’inspirent et me donnent des idées sur la manière dont faire résonner mon instrument. Je suis aussi influencé par le jazz. J’aime en effet beaucoup jouer au sein de formations de cuivres en quintet, par exemple, et ce qui est le intéressant pour le public dans ce setting sont les choses jazzy mêlées à des éléments classiques. Dans cette veine, j’écoute pas mal Gordon Goodwin's Big Phat Band, qui m’ouvre à des nouvelles formes de jeu, d’articulation, qui enrichissent ma façon d’aborder la musique. Enfin, une de mes plus grandes influences, ce sont les musiciens avec lesquels je joue. Les discussions autour des idées que nous avons sur la manière d’arranger un morceau, le vocabulaire qui se développe dans nos conversations musicales contribuent de manière fondamentale à mon style de jeu.



> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?

J’avais un problème sur mon tuba en Fa depuis trois ans, pour lequel je ne trouvais pas solution, et quand je suis arrivé et que je suis venu chez Servette-Music, vous avez su le régler sur le champ. Il m’est aussi déjà arrivé d’avoir besoin d’une réparation le jour d’un concert. Avoir accès directement à un facteur de cuivres disponible et compétent est un gros atout pour un tubiste. Et puis je trouve tout le monde hyper gentil. Matthieu, Claudio et René avec qui je parle beaucoup, ont toujours su répondre rapidement à toutes mes demandes. Du coup, je n’ai eu que des bonnes expériences avec Servette-Music… 

> Quels sont tes projets musicaux actuels ?

Je joue au sein de l’Orchestre de la Suisse Romande, ce qui m’occupe évidemment beaucoup, et nous jouons actuellement un Opéra de Janáček qui s’intitule Katia Kabanova. Nous allons prochainement débuter une tournée de cet opéra à travers l’Europe, qui se terminera à Brno en République tchèque, où nous jouerons aussi Tableaux d’une exposition de Mussorgsky, ainsi que Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss. La saison est très chargée, et nous interprétons donc un répertoire de musiques assez variées, sous la direction en plus de chefs incroyables, comme Danièle Gatti pas plus tard qu’il y a deux semaines !

> Peux-tu nous raconter un des moments les plus marquant pour toi en tant que musicien ?

Lorsque j’étais en Allemagne, j’ai eu l’occasion de jouer avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, et ça a été une expérience hors du commun de me trouver parmi des musiciens de ce calibre. J‘ai aussi joué au sein du European Union Youth Orchestra et du Gustav Mahler Youth Orchestra de 2012 à 2016, et cette période était fantastique. Nous faisions des tournées qui duraient des semaines, et c’était une expérience humaine et musicale très forte que de jouer avec des musiciens réunis autour de morceaux magnifiques par pur amour de la musique. J’ai aussi lié des amitiés très fortes avec des personnes à travers toute l’Europe grâce à cela.

> En tant que musicien professionnel au sein d’un orchestre, tu joues les répertories de grands compositeurs ; composes-tu aussi de ton côté ?

Je ne fais pas de composition en soi, parce que je ne me trouve pas très bon, mais je fais du travail d’arrangement, qui est ma manière d’aborder la création musicale. J’ai par exemple dernièrement écrit un arrangement pour cinq tubas de la Fugue en sol mineur de Bach, dont j’ai fait un enregistrement vidéo que j’ai publié sur ma chaîne Youtube, et un arrangement assez fantasque de Czardas de Vittorio Monti, sur lequel je joue plus d’une dizaine de pistes au tuba. J’ai aussi réarrangé Send in the Clowns de Stephen Sondheim pour brass band il y a quelques années. Ma créativité s’exprime sous cette forme là, et ça me permet d’échanger avec les autres.


Pour l’avenir, quels sont les grands projets qui t’animent ? Qu’aimerais-tu réaliser ?

Pour l’instant, avec la HEM, mon ambition est de monter une classe, pas seulement de très bons tubistes, mais de très bons musiciens. Avec Phillip Casperd, chanteur au Grand théâtre, et Daniel Schädeli, tubiste à Berne, nous aimerions continuer à partager notre passion pour la musique et le tuba à travers des événements. Depuis le premier concours de tuba organisé à Genève il y a trois ans, nous avons rencontré un succès encourageant. Puisque personnellement, j’aime créer des ensembles de tuba, ce serait très cool de pouvoir poursuivre dans cette voie.

> Quels sont tes conseils pour les jeunes musicien.ne.s qui apprennent à jouer du tuba ?

La première chose, c’est de faire des exercices afin d’accroître la maîtrise de son souffle et de sa respiration. C’est nécessaire pour jouer du tuba puisque c’est un instrument à vent. Ça c’est pour le côté technique. Mais au fond, l’essentiel, c’est de chercher à s’éclater autant que possible quand on joue de son instrument. Surtout pour les jeunes, c’est super important de vivre des moments très intenses, et il faut saisir chaque opportunité de jouer avec les autres dans des ensembles ou des bands, car c’est une chance incroyable à chaque fois de plonger au cœur de ce que la musique peut nous offrir de meilleur.