> Salut Christophe, tu es professeur de guitare à l’ETM et à la HEM, mais aussi un guitariste virtuose qui fait une belle carrière depuis plus de trente ans, peux-tu nous parler de ton actualité ?
Alors dernièrement, j’ai tout simplifié. Il y a un an et demi, je me suis lancé dans un projet, qui s’appelle The Prize, avec Maggy Luyten au chant, Ivan Rougny à la basse, et Aurel Ouzoulias à la batterie, et dont je me suis rendu compte qu’il me permettrait de rassembler toutes les envies que j’avais. Du coup j’ai mis Mörglbl, le trio dans lequel je joue depuis 25 ans, en stand-by, ce qui a été d’autant plus facile que c’est Ivan et Aurel qui assurent le duo basse/batterie dans The Prize, donc ça n’a pas trop impacté nos emplois du temps respectifs.
Ce qui me motive particulièrement c’est que pour la première fois, j’ai la possibilité d’écrire des chansons pour quelqu’un qui chante comme j’aurais rêvé être capable de chanter mes morceaux. Ecrire pour une personne dont je sais qu’elle va mettre vraiment en valeur le truc que j’ai écrit a été suffisant pour que je décide de me jeter corps et âme dans ce projet. J’ai donc mis tout le reste de côté, même si j’ai quand même un duo acoustique avec Maggy, Akoustik Thrill, qui est plus une sorte de récréation, dans lequel on reprend du hard-rock et du heavy metal des années 80 en acoustique. Nous avons beaucoup de concerts prévus cette année avec The Prize, et nous avons déjà commencé le deuxième album. Pour la première fois, nous allons aussi avoir un tourneur européen, ce qui va énormément nous mobiliser, parce que nous allons faire un maximum de festivals, de petites tournées…
Enfin, avec l’ETM d’un côté et la HEM de l’autre, je remplis allègrement mon emploi du temps, parce que ce sont deux écoles super dynamiques. Je participe notamment beaucoup à la vie active de l’ETM avec les soirées Metal on Stage, les masterclasses, tous ces événements… Et puis comme tu le sais, je suis dans une tranche d’âge où on commence à savoir que le luxe c’est d’avoir du temps libre, donc je m’organise pour en dégager afin d’être en forme et dispo pour cela.
> Quel a été ton parcours musical ?
Je dirais que ça a été une vraie formation d’autodidacte, où j’ai rebondi d’opportunité en opportunité. J’ai aussi eu la grande chance de toujours jouer avec des gens d’un certain niveau, ce qui m’a tiré vers le haut.
Quand j’étais petit, j’ai fait du violon de quatre à dix ans. Il y avait en Haute-Savoie un programme de détection des enfants, en fonction de leurs aptitudes, et je me suis retrouvé dans un cursus particulier, lié à la musique. Ma maman étant mandoliniste, comme le violon s’accorde de la même façon, ça m’a paru naturel d’aller vers ça. Avec le temps, je me suis rendu compte que ce n’était vraiment pas pour moi d’être dans un truc aussi rigide que la formation de musicien classique. A l’âge de dix ans, j’ai eu le courage « d’affronter » ma mère, violon en main, et je lui ait dit “je veux plus jamais faire de musique”, et c’était ça.
Et puis ensuite, à treize ans, perché sur les épaules de mon frangin, j’ai découvert Ted Nugent sur scène, au cours d’un concert à Genève. J’ai aussi découvert le premier album de Van Halen, Back in Black d’AC/DC, et d’autres perles du style. Je suis donc allé voir ma mère, pensant que j’allais affronter la musicienne classique, et je lui ai dit “je veux devenir guitariste de heavy metal”. Elle m’a répondu : “pas de souci, je t’achète une guitare si tu as envie de faire de la guitare électrique, et tu travailles ta guitare comme tu le sens. Mais je veux que tu aies une sécurité, alors fais quand même des études.” J’ai donc fait des vraies études, une prépa HEC et un DUT de publicité/marketing, et donc je n’ai pas de formation musicale proprement dite. Par contre, pendant tout cette période, j’ai fait énormément de concerts. J’ai monté mon premier groupe avec six mois de guitare sous la ceinture, et je devais connaître deux accords à ce moment là, mais c’était suffisant pour faire du bruit.
J’ai ensuite un peu eu le parcours typique des gens de ma génération : j’ai commencé à faire des concerts locaux, puis j’ai rayonné sur la région entière, jusqu’à ce qu’un groupe qui s’appelait Temple m’invite à les rejoindre. Pour te la faire courte, j’ai ensuite été remarqué par le guitariste de Nulle Part Ailleurs, et je me suis retrouvé sur le plateau de cette émission à sa grande époque. J’allais à Canal+ environ une fois par mois, et 3 millions de personnes me voyaient à la télé, donc les magazines, les marques ont commencé à s’intéresser à moi. A partir de ce moment là, les choses se sont mises en marche, et j’ai considéré que j’étais musicien professionnel. En parallèle de ça, j’avais construit ma carrière d’enseignant, parce que je suis entré à l’ETM il y plus de trente ans maintenant. C’est une belle opportunité qu’on m’a donnée, parce que ça m’a permis d’assurer un minimum financier pour pouvoir justement libérer du temps et m’investir dans mes projets à côté.
> Qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer de la guitare électrique ?
Ma frangine m’a fait découvrir Van Halen, Angus Young, et Allan Holdsworth, qui était le guitariste de Jean-Luc Ponty à cette époque, et ce son là était un truc qui résonnait en moi. Je ne savais même pas que c’était de la guitare électrique, et d’ailleurs je ne savais même pas ce que c’était la guitare électrique, en fait. En France, on n’avait pas une vraie culture rock dans les années 70. Quand j’ai entendu ce son, j’ai su que j’avais envie de ça, de cette énergie, de ce côté brutal et virtuose en même temps. Je venais du violon et je pense que j’avais développé un sens de la virtuosité et de l’esprit de la vitesse sur l’instrument. Donc ces trois mecs là ont été mes modèles. Je dirais que j’ai piqué l’énergie brute d’Angus Young, le côté pyrotechnique de Van Halen, et puis le côté un peu subtil, avec des harmonies plus sophistiquées d’Allan Holdsworth.
> Tu te souviens de ta première guitare ?
Ma première guitare était une Aria Pro II PE 460, qui était une copie de Les Paul, et qui était d’ailleurs aussi lourde qu’une Les Paul. J'étais plutôt un grand tout maigre, et je me souviens que ça me ruinait l’épaule. Mais j’ai gardé cette gratte super longtemps, parce qu’Aria faisait des super copies. Je me souviens qu’est une guitare pour laquelle ma mère avait payé 400 francs à l’époque (NdR : environ 100 CHF), et que j’avais bariolée pour qu’elle ressemble un peu à une guitare de Van Halen. J’avais aussi un petit ampli Gorilla, et pour la disto je me suis bidouillé une pédale à partir d’un transistor, parce que j’avais lu dans un magazine qu’on pouvait faire ça en utilisant la sortie casque comme input. Ça faisait un son abominable (rires). Et puis ma maman m’a offert la DS-1, la fameuse, quand elle a vu que je passais des heures tous les jours sur l’instrument, et c’était un game-changer.
> Il paraît que tu joues pas mal d’autres instruments, lesquels ?
Alors je jouais du violon, mais maintenant beaucoup moins. C’est très contraignant physiquement par rapport à la guitare, parce que ce n’est pas du tout la même posture. Je joue aussi plutôt pas mal de la mandoline, car c’est l’instrument de ma maman. Je joue plutôt correctement de la basse, je fais un peu de batterie, et puis je pianote. Je connais aussi les accords au piano, donc je peux composer au piano… Mais les instruments que je maîtrise vraiment, ce sont la guitare et la basse.

> Quelles sont tes influences musicales, et comment ont-elle évolué avec le temps ?
J’ai toujours un peu marché sur trois pattes. Il y a le côté metal, même presque punk, dont j’aime l’énergie. Il y a le côté jazz rock des années 70-80, qui a un truc un peu sophistiqué qui me plaît aussi. Et puis il y a un truc que j’adore, c’est la pop anglaise, genre Joe Jackson, Elvis Costello… Et finalement j’ai toujours essayé d’utiliser ces deux éléments, du metal d’un côté, et du jazz-rock de l’autre, pour faire de la pop avec. Donc de la pop énervée, et un peu sophistiquée. Et c’est rigolo parce qu’avec The Prize, j’ai vraiment la sensation d’avoir réussi à trouver un mix qui réunit ces trois idées : écrire des chansons, les rendre énergiques, et avec des petits twists harmoniques qui les rendent un peu futées, tu vois ?
Je me rend compte aussi, avec le temps, qu’il n’y a plus vraiment de styles que je ne supporte pas. Quand j’étais gamin, je détestais le reggae et la disco. Mais Ivan, bassiste avec qui je joue depuis plus de trente ans, m’a fait écouter plein de choses, et m’a sensibilisé à des cultures musicales que je ne connaissais pas ; et finalement, c’est souvent par méconnaissance qu’on n’aime pas. Même le rap, qui à un moment a un peu été un truc contre lequel je luttais… Quand j’ai découvert les Beastie Boys dans les années 80, j’ai trouvé que cette énergie du verbe, prononcé presque comme un instrument saturé, très rythmique, était vachement cool.
> Concernant les guitares, tu joues sur Vigier. Est-ce que tu utilises parfois autre chose ?
Ça fait effectivement plus de 25 ans que je travaille avec Vigier, et je dois dire que je trouve mon bonheur avec. D’abord, la gamme est suffisamment grande et comprend tout ce que je peux vouloir. J’ai aussi surtout la chance d’avoir une relation privilégiée avec Patrice Vigier, qui m’a souvent fait des guitares sur mesure, selon mes besoins et mes envies. Depuis environ cinq ans, je travaille avec des GV, et j’en ai quatre qui ont été faites spécialement pour moi, avec des configurations un peu particulières sur la taille du manche, la hauteur des frettes, le choix des micros, etc. Donc je n’ai pas grand chose à chercher ailleurs, mais j’avoue avoir quand même une appétence particulière pour les Telecaster, et j’en ai toujours eu une ou deux à la maison. Je m’en sers comme instruments de loisir, mais aussi parfois sur les albums, notamment sur le dernier, pour faire quelques petites choses avec ce son bien spécifique, ce *twingggg* un peu claquant, agressif et nasillard qu’on ne trouve pas sur les autres guitares.
En acoustique, je joue depuis quelques années avec Cole Clark, et ça a été une révélation. Je ne connaissais pas la marque. Le distributeur français m’a proposé d’essayer, et j’ai été conquis. Je ne suis pas un vrai guitariste acoustique, mais avec ça j’ai trouvé une guitare sur laquelle je me sens aussi à l’aise que sur une électrique.
> Qu’est-ce qui est le plus important pour toi dans une guitare électrique ?
Pour moi, la pièce vraiment “vie” d’une guitare, c’est le manche. Je ne suis pas un guitariste de main droite, mais un guitariste de main gauche. Du fait que j’ai joué du violon, j’ai pris le pli de beaucoup jouer en legato, et ce jeu est le plus traumatique pour la main gauche. J’ai donc toujours d’abord recherché le confort pour ma main gauche avant tout. J’ai toujours principalement joué sur des guitares de type Strat ou Les Paul, des formes assez standard finalement, dont on trouve des déclinaisons chez toutes les marques.
Pour le manche, chaque détail peut faire une différence, et c’est donc plus délicat de trouver exactement ce qui convient. C’est une des choses qui m’a conquis chez Vigier, d’ailleurs : quand j’ai pris en main la première guitare que Patrice a faite pour moi, j’ai eu l’impression que je connaissais déjà le manche, et j’étais immédiatement à l’aise dessus. Après, j’aime bien écouter comment la gratte résonne à vide, sans la brancher. Je ne suis pas un connaisseur de bois, mais je fais confiance à mon oreille quand je teste une guitare. Si elle ne sonne pas à vide, je sais d’expérience qu’elle ne va pas sonner super pour moi une fois branchée, quels que soient les micros qui l’équipent. Donc pour répondre à ta question, ce qui est le plus important pour moi c’est le manche, et ensuite la résonance acoustique.

> Comment décrirais-tu ton expérience avec Servette-Music ?
Je ne connais pas du tout ce magasin. Au revoir ! (rires) En fait, j’ai une relation, là aussi, privilégiée, qui dépasse le cadre purement “professionnel”. On se connait relativement bien avec Sergio, Servette-Music est partenaire de l’ETM, ce qui contribue aussi à resserrer les liens, et nous avons fait pas mal de choses ensemble : des vidéos, travaillé ensemble sur l’exploitation de certaines marques avec lesquelles je bosse… Ce que je trouve génial, je te le disais hors interview, c’est que c’est un magasin qui a su complètement se réinventer, et qui propose quelque chose de beaucoup plus large que ce qui faisait sa réputation autrefois. J’ai l’impression que c’est un magasin qui évolue vraiment avec son temps, comme le montrent les vidéos, justement, et le renouvellement dans les marques représentées. C’est aussi cool de parler avec des gens qui sont des vrais spécialistes de l’instrument. Ça va, je vous ai assez passé de pommade ? (rires) Non mais sérieusement, je trouve super de réunir les deux qualités de proposer quelque chose de très large et professionnel, et en même temps, de rester à taille humaine, et donc de savoir jouer ce rôle de proximité et d’accessibilité.
> Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?
J’ai un paquet de souvenirs, c’est le privilège d’être vieux. Mais l’avantage d’être vieux, c’est aussi de ne pas se rappeler de tout ! Je pense que le plus beau, c’est un souvenir qui date de notre troisième tournée aux Etats-Unis avec Mörglbl. C’était lors d’un festival, le NearFest, qui est un peu la Mecque en termes de festivals de prog aux Etats-Unis. Mörglbl était programmé le dimanche à 11h du matin, parce nous étions un peu “la révélation” du festival. On se disait : “à 11h du matin, un dimanche en plus, on va jouer devant trois personnes”. La veille il y avait une énorme soirée, en plus avec Liquid Tension Experiment, un super-groupe composé de John Petrucci et Mike Portnoy de Dream Theater à la guitare et à la batterie, Tony Levin à la basse, et Jordan Rudess – qui a ensuite rejoint Dream Theater – au clavier. Donc un gros truc, tu vois ? Du coup on n’a pas trop fantasmé, et de toute façon c’était déjà génial d’être là.
Quand on est arrivés sur scène à 11h, dans une belle salle de 1500 places, il y avait 1800 personnes qui nous ont soutenu. On devait jouer 60 minutes, et on a fini par en jouer 75. C’était la première fois dans l’histoire du festival que le groupe “découverte” avait trois rappels. Pour nous ça a été une expérience incroyable. En plus ce jour là on a vendu 400 albums en une fois, et le mec de notre label américain faisait des allers-retours entre le stand et sa camionnette pour reprendre des cartons CDs. Il répétait sans cesse “j’ai jamais vu ça, j’ai jamais vu ça”, et à un moment ils ont demandé au gens d’arrêter de faire la queue et de retourner dans la salle, où jouait le groupe suivant. Il m’arrive de revoir des bouts de ce concert, car il est sur Youtube, et à chaque fois ça me fout des frissons. J’ai d’autres bons souvenirs, mais celui-ci est vraiment particulier, car ça a aussi été le point de départ d’une relation super belle entre le public prog américain et Mörglbl, qui a quand même fait huit tournées là-bas ensuite.
> Comment se passe la compo chez Christophe Godin ?
Chez Mörglbl, on amenait chacun des idées, et comme c’était une musique un peu “foutrac”, on pouvait se permettre de faire cohabiter des trucs qui n’avaient rien à voir ensemble. On pouvait accrocher un riff de reggae à un riff de metal en toute liberté, par exemple. Chez The Prize, c’est un peu différent, parce que cette fois-ci la musique doit porter un texte, ou un texte doit porter la musique. Sur l’album The Prize, ce sont donc Maggy et moi qui avons travaillé à deux. Chacun a apporté des morceaux ou des textes presque terminés, et puis on a mis tout ça dans la marmite, où là, il se passe d’autres choses : Ivan et Aurel réarrangent pour la basse et la batterie, Maggy transforme mes mélodies sur son piano, je transforme les mélodies de Maggy sur ma guitare…
Il y a donc une façon de travailler très différente, où on arrive avec des chansons déjà prêtes, mais avec l’acceptation qu’elles vont être transformées par le reste du groupe. Avec Maggy, on est un peu une sorte de Lennon/McCartney du pauvre, tu vois ? On a trouvé une relation dans laquelle on fait un ping-pong d’idées, qu’on s’envoie à la gueule et dans lequel on se répond. Et au bout du compte, c’est vachement intéressant : je n’ai pas écouté l’album pendant longtemps, pour avoir un peu de distance, et quand je l’écoute maintenant, je trouve qu’il y a une cohésion, et en même temps de la diversité. C’est même à un point où je ne sais plus qui a amené quoi, ou écrit quel texte. Pour moi c’est une réussite, parce que je n’arrive pas à mettre un tampon “Christophe Godin” sur cette musique, et c’est vraiment le groupe, et plus spécifiquement ce duo entre Maggy et moi, qui mène la barque.
Pour répondre de façon encore plus pointue à ta question, j’ai toujours mon téléphone avec moi, et j’enregistre tout. Dès que j’ai une idée qui me passe par la tête, je l’enregistre. Je regardais ça encore la semaine dernière, et j’ai cinq cents idées sur lesquelles je peux travailler pour les albums à venir. Donc j’ai de la marge, tu vois (rires). Et c’est quelque chose qui est mouvant et qui évolue : lors de certaines réécoutes, une idée que je trouvais plutôt moyenne peut devenir intéressante, ou à l’inverse, une idée que je trouvais géniale à un moment a finalement très mal passé l’épreuve du temps, alors j’élague.
> Qu’espère-tu réaliser pour l’avenir ?
Alors ma priorité numéro un, c’est le bien-être de mes enfants. J’espère qu’ils sont heureux, et je mets en tout cas toute mon énergie dans ce projet là, qui est mon plus beau projet en fait. J’ai la chance d’avoir un certain âge et une sécurité professionnelle, d’un côté avec l’enseignement, et de l’autre une renommée qui me permet de trouver assez facilement des endroits où jouer, pour pouvoir, justement comme je te disais au début, dégager du temps et le passer avec eux.
Mon deuxième projet, c’est bien évidemment The Prize, avec qui nous voulons jouer des concerts, tourner, continuer à composer et à enregistrer ensemble. Après, d’un point de vue plus guitaristique, j’ai la chance de bosser avec des marques qui me font encore confiance sur le développement des produits, et je m’investis de plus en plus dedans, parce que je trouve très intéressant de savoir précisément comment fonctionne ce que j’ai dans les mains, et de pouvoir échanger dessus. Et puis enfin, le projet qui chapeaute tout ça, c’est d’être en bonne santé le plus longtemps possible.
> Qu’est-ce que tu conseilles à un guitariste débutant ?
Le conseil que je donne à des débutants, c’est d’essayer rapidement de trouver des gens avec qui jouer, même s’ils ne se sentent pas encore super affûtés. Moi-même, j’étais nul quand j’ai commencé à jouer en groupe, et j’ai gardé des cassettes qui le prouvent ! La dimension de partage, entre musicien.ne.s, et avec un public, c’est crucial dans la musique.
Du fait que j’enseigne depuis une trentaine d’année, j’ai vu le profil des élèves évoluer. Ils ne viennent plus pour les mêmes raisons, et en tout cas plus par les mêmes voies qu’autrefois. Et ce que les jeunes guitaristes me donnent un peu l’impression de perdre de vue, c’est que la musique, ça se joue à plusieurs. Quand on joue de la musique à plusieurs, ça procure un plaisir qui ne peut pas exister devant un écran. Mais là, on a de plus en plus de gamins qui restent chez eux, et qui n’ont finalement plus ces relations avec un autre guitariste, un bassiste, un batteur, ou un chanteur. Mon message c’est donc d’aller vers d’autres musicien.ne.s, avec qui jouer pour partager des sensations, des émotions, échanger des idées, se refiler des trucs. Jouer de la musique ensemble, et partager cette passion, c’est essentiel pour progresser.
