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13.05.2022 : François Alba, guitariste professionnel et professeur de guitare indépendant : "mes styles préférés ont changé avec le temps".

May 13, 2022 by
13.05.2022 : François Alba, guitariste professionnel et professeur de guitare indépendant : "mes styles préférés ont changé avec le temps".
SERVETTE-MUSIC SA, VPI


> Bonjour François, tu es professeur de guitare indépendant depuis plus de 30 ans, peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai commencé comme pianiste quand j’avais autour de 9 ans, avec une formation classique au conservatoire. A la base, je voulais jouer de la guitare, et ma mère m’avait donné l’alternative : guitare classique ou flamenco, mais ça ne me plaisait pas, et j’ai opté pour le piano, un peu par dépit, pas vraiment par choix.
Je me suis ensuite très vite intéressé à la pop, surtout Supertramp, au blues, notamment Jerry Lee Lewis, et ensuite à l’improvisation. En 9ème du cycle, j’ai joué mon premier concert pour le 10ème anniversaire des grandes communes, devant un public de 1000 personnes. Les professeurs avaient monté un groupe en choisissant parmi les élèves un super batteur, un super bassiste, un super guitariste… J’avais déjà un niveau assez bon, je faisais de la composition, et j’ai été choisi pour en faire partie.
Vers mes 18 ans, j’ai abandonné le classique, et je me suis tourné vers le jazz, que j’ai abordé avec Alain Guyonnet. Et puis un jour, un copain m’a prêté une Telecaster, un modèle de 62, et je suis passé à la guitare en autodidacte. J’ai ensuite pris des cours avec Gabor Kristof, un des fondateurs de l’ETM, chez lui, car l’ETM n’existait pas encore. Au fur et à mesure que je me suis investi dans la guitare, que j’ai voyagé, j’ai laissé tomber le piano.
Après il y a eu un temps durant lequel j’étais technicien chez Reuters, marié, etc. mais ma vie ne me plaisait pas beaucoup. Mon divorce a été l’occasion pour moi de changer certaines choses, et je suis parti en Angleterre pour apprendre l’Anglais, car je me sentais limité, notamment dans mon métier de technicien. Arrivé là-bas, j’ai découvert ce que c’était la guitare, la musique en Angleterre. Ça n’avait rien à voir avec ce que je connaissais, car le niveau était très élevé. C’est là que je me suis décidé à reprendre mes études musicales, mais aux Etats-Unis cette fois.
Pour y parvenir, j’ai bénéficié d’une subvention de l’Etat, grâce à mon parcours au conservatoire, et au fait qu’il n’existait pas de formation équivalente en Suisse. J’ai donc terminé mes études aux Etats-Unis, et je suis sorti diplômé avec les honneurs du GIT à Los Angeles. Je me suis donné à fond, et j’ai pu bosser avec Joe Dorio, Scott Anderson, Jennifer Batten… Ils m’aimaient bien, j’étais un bon élève, passionné, très investi. Et puis après, la vie a pris des chemins qui m’ont conduit à rentrer à Genève, et à m’y établir pour de bon.


> Quels sont tes styles préférés ? Comment as-tu évolué avec le temps ?

Mes styles préférés ont changé avec le temps. Au départ, quand j’étais pianiste, j’étais dans le rock progressif : Pink Floyd, Peter Gabriel, Genesis… Ensuite je suis passé à des trucs plus rock avec un côté “flash-guitare”, les guitar heroes. J’ai eu une grosse phase jazz/fusion, puis je suis revenu à la base, le blues-rock. Ce retour aux sources a été nourri par les rencontres que j’avais faites, bien sûr, comme celle avec Scott Anderson.
Actuellement, je suis donc plutôt dans le blues-rock, avec un côté hard – on n’oublie pas AC/DC ! Pour moi, l’aspect “héros” de la guitare reste important, même si j’en suis quand même venu à me concentrer sur le fait de jouer la bonne note au bon moment.


> Quelles sont tes guitares préférées ?

J’ai débuté sur une Tele, mais mon premier coup de cœur était la Les Paul, sur laquelle j’ai longtemps joué. Puis à la fin des années 90, j’ai commencé à m’intéresser aux Strats. S’en est suivi une phase de recherche un peu effrénée, durant laquelle j’ai essayé de concevoir, avec des luthiers, une guitare qui comporte les qualités que je trouvais à la Les Paul, mais aussi ce qui à mon avis lui manquait. C’est à ce moment que j’ai acheté une Strat un peu pourrie en attendant, mais figure-toi que cette guitare, qui me servait quelque part de tampon, est devenue ma principale, et j’ai envoyé balader toutes les guitares de luthier.
Ensuite, je me suis mis à assembler moi-même mes guitares, des “Partscaster”. Comme j’étais électronicien, c’étais facile pour moi, puis un jour, j’ai quand même acheté une Dealer Select aux US, une superbe Sunburst 65. Pour finir, étant fan de Kenny Wayne Shepherd, j’ai mis la main sur une Olympic White magnifique, Dealer Select aussi, et c’est ma guitare préférée depuis.
Maintenant, j’ai aussi évolué dans le sens où je me suis intéressé aux acoustiques il y a quelques années, et j’aime spécialement les OM 0000 de Martin.


> Qu’est-ce qui est important pour toi dans une guitare électrique? Que conseilles-tu à tes élèves de prendre en considération quand ils en achètent une ?

Il y a d’abord bien sûr une considération budgétaire à prendre en compte. Ceci étant dit, la chose la plus importante est le confort de jeu, sachant que le son vient beaucoup des doigts. Quand on a les moyens, on peut bien sûr choisir un instrument de haut niveau en termes de manufacture, de finition, et de marque, sur lequel il sera naturellement plus agréable d’apprendre à jouer, et plus aisé de sortir un joli son. Mais à la base, je recommande de choisir une guitare confortable à jouer.


> Tu as vu nos instruments en magasin, lesquels t’ont tapé dans l’œil ?

J’ai immédiatement été attiré par les guitares qui me correspondent, donc les Stratocasters de Fender, de toutes les années, et les OM de Martin. J’aime bien les Collings et les Bourgeois, qui sont de très bonnes guitares, mais personnellement je préfère les Martin. J’aime bien sûr les Les Paul, mais comme je ne joue plus dessus, et que je ne suis pas collectionneur, j’avoue qu’elles n’attirent plus vraiment mon regard.

Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?

C’est une histoire qui remonte au moment où j’ai commencé à acheter des guitares, et je n’ai jamais été déçu. C’est un vrai magasin, authentique. Je me sens respecté comme client et comme musicien. Le service et la qualité des instruments sont au top, et justifient la légère différence de prix avec un magasin en ligne, qui ne me donne pas satisfaction en termes de soutien et d’accompagnement.



> Quelle est ton expérience avec Servette-Music ?

Je connais le magasin depuis longtemps, et Sergio Barbieri, que je connais depuis mon enfance, et avec qui on a joué dans un groupe ensemble, a commencé à y travailler il y a une vingtaine d’années. Depuis j’achète mon matériel là-bas. J’y ai aussi moi-même travaillé comme magasinier il pendant à une époque, d’ailleurs. Avec tout ça, c’est naturellement qu’on est devenus partenaires, et qu’on développe une relation autour de notre passion commune.


> On a tendance à dire que la section rythmique est fondamentale, et qu’il est important que la basse et la batterie forment un tout quasi fusionnel. Qu’en penses-tu ?

La fusion basse/batterie, c’est un peu un mythe, à propos duquel chacun a sa façon de voir les choses. Selon moi, ce qui fait l’assise d’un groupe, le son d’un groupe, c’est le batteur. Avec un super bassiste et un mauvais batteur, le groupe ne va pas sonner bien. Au contraire, un très bon batteur et un mauvais bassiste pourront faire marcher les choses.
Concernant l’aspect fusionnel, on a tendance à en parler parce que la basse et la batterie vont en quelques sortes “planter les clous”. Les guitares et les claviers vont plutôt jouer des doubles croches, virevolter. Pour qu’ils puissent jouer librement, il est essentiel que l’ensemble basse-batterie soit solide. Mais au fond, dans un groupe, chacun est responsable du rythme. Si le couple basse-batterie est parfaitement synchro, mais que le guitariste joue ses cocottes à côté, ça n’ira pas. Et puis au fond, de toute façon pour le public, la basse n’a pas d’importance — je parle en général. Le public n’entend pas la basse, il la ressent. Ce qui retient l’attention du public, c’est le chant et la batterie, parce que le chant danse sur la batterie, et chante la mélodie. Donc c’est à eux de ne surtout pas se planter.


> Quels sont tes défis et tes envies pour le futur?

J’ai toujours envie de devenir meilleur, et que Jamiroquai vire son bassiste et m’engage (rires). Toujours les mêmes choses, quoi… En bref, continuer à vivre de ma passion, évoluer en tant qu’être humain et en tant que musicien. J’aime faire ce que je fais, donc j’en apprécie chaque moment, et si je devais distinguer une chose, ce serait la chance que j’ai de pouvoir voyager grâce à la musique, et d’être même payé pour le faire. Voir d’autres pays, d’autres gens, d’autres cultures, tout ça en jouant de la musique, et parce que je joue de la musique, c’est pour moi un bonheur.